vendredi 31 janvier 2014

Rue du cirque

clown tristeLes gens normaux sont des présidents comme les autres. Un homme, sa maîtresse, une chambre au 20 rue du Cirque. Les cyniques se réjouiront qu’à cette même adresse, Closer a été élevé au rang de journal d’investigation, et François Hollande à celui de véritable chef d’Etat, à la suite de nos rois soleil, de nos Félix Faure. Favorites et pompe funèbre. Tristes promotions. Les papillonnages présidentiels ont toujours des airs de vaudeville, qui font rire assez fort pour ne pas entendre les pleurs. Et pour nous faire oublier tout le reste. Nous n’aurons même pas eu la grâce d’un entracte entre deux numéros…
Rue du cirque médiatique, un clown en a caché bien d’autres. Plus tristes encore.

Nous aimerions parfois un peu de calme. Que la musique s’arrête, que la lumière s’éteigne sous le chapiteau. Juste du silence. Au moins pour s’assurer de ce qu’il convient de dire. Car on se fatigue à moquer sans cesse.
Nous voudrions dans les Cahiers que ce silence soit le maître mot de nos postures, et que ce soit toujours sur la pointe des pieds que l’on vienne le troubler d’un billet. Y glisser comme une parole, enveloppée de silence.

A notre mesure, nous voudrions nous élever à nous pencher sur les choses de la vie, plutôt que de tomber à vouloir les regarder de haut. Laisser se reposer l’Auguste et le contre-pitre. Et, si possible, pourquoi pas, intéresser. Par le plus bel intéressement qui soit : celui qui ne cherche pas d’autre but que de faire grandir. Le lecteur comme l’auteur.
Joseph Gynt
Edito publié sur les Cahiers libres, le 14 janvier 2014.

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