vendredi 13 avril 2012

Le jour où Philippe Poutou est devenu Président


Nous sommes le mercredi 16 mai 2012. L’été est arrivé tôt cette année. Le soleil brille sur la capitale alors qu’un petit homme discret aux cheveux gris en bataille, fraîchement rasé, en chemise col mao et les manches du pull-over remontées, descend timidement la rue du Faubourg Saint-Honoré. Derrière lui, ses copains de l’usine Ford de Blanquefort l’accompagnent, riant fort et parlant haut. Le petit groupe évite machinalement le trottoir longeant le palais de l’Elysée, gardé par des hommes en uniforme. Arrivés à hauteur de la grande grille marquant l’entrée de la résidence des chefs d’Etat français, ils traversent la rue. Et au gendarme venu au devant de cet étrange cortège, le meneur répond, en s’excusant presque : « ben, euh… C’est que c’est chez moi maintenant ! » Le gradé de l’ère sarkozienne devra s’y faire, Philippe Poutou est le nouveau Président de la République. Sous le képi et malgré l’impartialité que lui impose sa fonction, le gendarme se demande encore comment son pays en est arrivé là…

lundi 2 janvier 2012

Ce qu'il faut de lointain





"Et mon Dieu tant mieux si la route est longue, 
tu a mis devant moi ce qu'il faut de lointain".

(Jacques Dary, Compostelle, Carnet d'un pèlerin)


dimanche 1 janvier 2012

ET BONNE ANNÉE !


« Est-il rien de plus agréable en ce bas monde que de s’asseoir, avec trois ou quatre vieux camarades, devant une table bien servie, dans l’antique salle à manger de ses pères ; et là, de s’attacher gravement la serviette au menton, de plonger la cuiller dans une bonne soupe aux queues d’écrevisses qui embaume, et de passer les assiettes en disant : « Goûtez-moi cela mes amis, vous m’en donnerez des nouvelles ». (…) Et quand, à la cinquième ou sixième bouteille, les figures s’animent, quand les uns éprouvent tout à coup le besoin de louer le Seigneur (…) quand d’autres parlent de chasse, d’autres de musique, tous ensemble en s’arrêtant de temps en temps pour éclater de rire : c’est alors que la chose devient tout à fait réjouissante, et que le paradis, le vrai paradis, est sur la terre. »

(Erckmann-Chatrian, l’Ami Fritz)

vendredi 30 décembre 2011

2011 et les esquisses de liberté

En 2011, la Statue de la Liberté, symbole de l'émancipation vis-à-vis de l'oppression, fêtait ses 125 ans. Le bras toujours levé au dessus des berges de l’Hudson, pour éclairer jusqu’à l’autre bout du monde où d’autres statues tombaient, dans un long printemps arabe. Ouvrant la « chasse aux dictateurs », la Tunisie et l’Egypte ont organisé, avec le Maroc, les premières élections libres de leur histoire, tandis que la Libye découvrait la liberté et la Syrie, à leur suite, son prix. Derrière ce vent populaire et puissant, la chute des régimes forts a vite fait place à la menace d’un « hiver islamiste ». Aux médias internationaux qui n'ont semblé voir les révolutions arabes qu'en noir et blanc, les populations locales renvoient, en cette fin d’année, un gris sombre et nuancé, entre le soulagement des libertés retrouvées et les incertitudes de l’avenir. Partout, les loups rodent et l'accélération de l'exode des chrétiens d’orient est un signal d'alarme que trop peu, dans la communauté internationale, acceptent d'entendre.  

samedi 3 décembre 2011

Un aigle et des étoiles




Des fans de Napoléon, dit l'Aigle, se sont rassemblés sous l'Arc de triomphe, le 2 décembre, pour commémorer la date anniversaire de son sacre. Un drapeau européen s'est invité à la fête, s'attirant les foudres des souverainistes. Reportage.

lundi 28 novembre 2011

Dagerman l’inconsolable


Il y a 57 ans, le 4 novembre 1954, s’éteignait Stig Dagerman, écrivain et journaliste suédois. Parmi ses œuvres, un essai sur la liberté, le pardon et le désir de vie ; une réflexion poétique sur notre besoin de consolation.



 « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ». Le titre sonne comme un aveu d'impuissance, ou un constat libérateur. Sous la couverture, vingt-quatre pages pour percer à jour ce mystère de l'Homme, tenter de comprendre sa soif. Il n'est pas besoin de beaucoup de lignes pour exprimer une vérité qui touche les coeurs. Il faut être juste, honnête et brillant dans l'écriture. Ce qu'était assurément l'auteur de ce livre, Stig Dagerman, écrivain et journaliste suédois né en 1923.


La quête
Les premiers mots sont lâchés comme un constat froid et lucide, point de départ d'une réflexion dont l’auteur lui-même ne semble pas savoir jusqu'où elle mènera : « je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux... » De là, il déroule le fil de ses pensées dans une démonstration logique et poétique. Pas vraiment croyant, refusant « la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l'athée », il cherche des réponses au questionnement de son âme, à un besoin criant de consolation et son désir de liberté :

« Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n’est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d’une excuse : le pardon. L’idée me vient finalement que toute consolation ne prenant pas en compte ma liberté est trompeuse, qu’elle n’est que l’image réfléchie de mon désespoir. »

mercredi 12 octobre 2011