mercredi 29 janvier 2014

Du journalisme et des journalistes #4 : les nouveaux horizons


« Homère est nouveau, ce matin, et rien n’est peut-être aussi vieux que le journal d’aujourd’hui » (Charles Péguy)

journalismeASITES D’INFORMATION EN LIGNE, BLOGS SPÉCIALISÉS, RÉSEAUX SOCIAUX… L’explosion du journalisme multimédia a frappé la profession de plein fouet. Ce n’est plus un secteur qui est en crise, c’est tout un système qui change. Brutalement. Et les gens de l’art peinent à trouver un modèle rentable à déployer. Derrière les questionnement économiques (lire à ce propos notre chapitre #3), se sont les fondements mêmes de la profession de journaliste qui sont bousculés. Celle-ci doit affronter la révolution technologique en même temps qu’une suspicion grandissante à leur égard. Passée la vague des sempiternelles reproches, c’est une bonne nouvelle. Car cela les force à se réinventer. Une chance à saisir pour qui porte autant d’exigence citoyenne.

mercredi 22 janvier 2014

Du journalisme et des journalistes #3 : la course à la rentabilité


« CHUTE DES VENTES ET DES RECETTES PUBLICITAIRES, déficits généralisés, plans de départs, cessions en rafales : la presse écrite française - nationale, régionale ou magazine - décline sans parvenir à redresser la barre grâce à ses investissements dans le numérique », constate l’AFP en ce début d’année. Une fâcheuse tendance que le monde de la presse peine à affronter. Aux difficultés économiques et technologiques s’ajoutent les caprice de certains acteurs, comme le distributeur Presstalis qui fait peser sur les journaux des coût très importants, ou encore La Poste, qui annonce une augmentations de ses tarifs alors même qu’elle ne veut plus couvrir toutes les campagnes.

mercredi 15 janvier 2014

Du journalisme et des journalistes #2 : en quête d'objectivité


« LE JOURNALISME S’EST LAISSÉ ALLÉ À UNE SORTE DE DÉGÉNÉRESCENCE, a un manque de conscience et d’énergie, et s’est rendu coupable de facilité », lançait Henri Pigeat, ancien président de l’AFP et aujourd’hui à la tête du CFJ (Centre de formation des journalistes), lors d’une conférence donnée aux Bernardins en novembre dernier, sur l’avenir du métier. Avec d’autres intervenants, il entendait dénoncer « l’institutionnalisation des médias », c’est-à-dire l’enlisement confortable des journalistes aux côtés des puissants. L’accusation n’est pas neuve, comme nous l’avons vu précédemment (ici). Mais elle refait violemment surface aujourd’hui, alors que le monde de la presse se trouve confronté à un double bouleversement, économique et technologique. Ainsi qu’à une perte terrible de crédibilité.

Courbure d'échine

"Le journaliste doit être un voyou, un maverick."
Prenons, à titre d’exemple et de moyen à charge, l’affaire DSK. Pourquoi ce tremblement de terre médiatique a-t-il trouvé son épicentre aux Etats-Unis et non en France ? « J’avais tout en main avant que le scoop ne sorte, raconte le journaliste français Jean Quatremer. J’ai proposé à ma rédaction (Libération, alors dirigée par Laurent Joffrin) d’amener les oreilles et la queue de DSK sur un plateau, mais elle s’est opposée à un reportage, en prétextant que cela relevait de la vie privée. J’ai donc conseillé à mes sources de publier l’information dans les journaux américains, les seuls qui oseraient le faire » (L’enquête d’origine devait porter sur la relation de DSK avec l’économiste Piroska Nagy, avant l’affaire du Sofitel.). Nous connaissons la suite. Que restait-il de ce prétendu respect de la vie privée, une fois l’ancien boss du FMI redevenu un simple péquin aux poignés menottés ? Les journaux français ont failli deux fois : avant, en se taisant. Et après, en jouant les charognards.

mercredi 8 janvier 2014

Du journalisme et des journalistes #1 : nouvelle époque, vieilles rancœurs


« ON CONDUIT AUJOURD’HUI LES LECTEURS COMME ON N’A PAS CESSÉ DE CONDUIRE LES ÉLECTEURS. Beaucoup de journalistes, qui blâment avec raison la faiblesse des mœurs parlementaires, feraient bien de se retourner sur soi-même et de considérer que les salles de rédaction se tiennent comme les Parlements. Il y a au moins autant de démagogie parlementaire dans les journaux que dans les assemblées. Il se dépense autant d’autorité dans un comité de rédaction que dans un conseil des ministres ; et autant de faiblesse démagogique. Les journalistes écrivent comme les députés parlent. »

Voilà un trait bien envoyé à nos chers « médias » ! LibérationFrance Inter et les autres… A tous ces « faiseurs d’opinion » qui, dit-on, jugent et donne le la de la symphonie française moderne depuis leurs salons parisiens. Toutes ces rédactions que l’on aime tant détester. Et qui, il faut bien le dire, nous en ont donné cette année quelques raisons. Oui mais voilà : ce trait, affuté et bienvenu, date de… 1901 ! Ecrit de la main de l’ami Charles Péguy, dans ses Cahiers de la quinzaine (dans De la raison). Il ne devait pas se douter que son « aujourd’hui » serait autant d’actualité, cent ans après sa mort.

mardi 15 octobre 2013

Une île de la tentation pour Nouvelles de France



"Il n'est pas donné à l'homme de se faire un autre berceau" (Charles Péguy)
On pourrait croire à un gag, à un premier avril à l’automne signé Nouvelles de France (NDF). Mais cette revue du web est décidément plus habituée à susciter la grimace que le rire... La raison de cet éventuel et légitime fourvoiement ? Un article marquant le lancement d’un projet de recherche, puis d’achat d’une île pour en faire un « Etat souverain » et « assumer notre identité française, économiquement libérale mais socialement conservatrice » (sic).

NDF prônant l’émigration ? Ne riez pas. L’idée fait son chemin depuis plusieurs mois chez ses contributeurs. Un site internet a même vu le jour pour recueillir les premières inscriptions/souscriptions. « Où trouver la liberté perdue, de vivre dans une société qui valorise ce qui est valeur? », se demandent les administrateurs du site. Leur réponse : « ailleurs, indéniablement. Et pourquoi pas sur une île, un peu en retrait de ce monde ? S'organiser par-delà les mers en une microsociété, non pas refermée sur elle-même, mais qui, de par ses principes simples, nobles et solides, pourra rayonner ». « Peut-être est-il nécessaire que la graine meure pour renaître », ajoutent-ils, comme s’il leur appartenait d’en décider.

mardi 8 octobre 2013

Les doux accrocs du dialogue entre cathos



"Heureux ceux qui s'aiment assez pour savoir se taire ensemble" (Charles Péguy)

Des débats politiques ou sociétaux aux querelles liturgiques, les catholiques excellent parfois dans l’art de l’étripage fraternel. Ce qui est déjà triste dans la société devient plus terrible encore, plus infamant dans l’Eglise. Parce qu’il s’agit d’Eglise. Pourquoi semble-t-il plus facile de discuter avec un bouddhiste de Dharamsala qu’avec son voisin du bout-du-banc ? Peut-être accepte-t-on plus facilement les différences du premier comme point de départ d’échanges constructifs, alors que celles du second agacent, font peur. Comme s’il ne s’agissait pas, là aussi, de construire ! Et l’on attend du catho qu'il entre sans discussion dans les cases que le plan paroissial a soigneusement préparé pour lui... C’est une tendance fâcheuse, mais très humaine, que de vouloir rassembler tout le monde dans la même chapelle sous prétexte d'appartenir à la même Eglise. Mais s'il y a un seul Credo, en revanche, il y a bien « plusieurs demeures dans la maison de mon Père » !

mercredi 2 octobre 2013

Cantat, droit dans le soleil

Retour au devant de la scène pour Bertrand Cantat. Entre le souvenir des drames de l'ombre et le désir de rédemption. Pourquoi faut-il que le génie soit toujours lié à la folie ? Peut-être oeuvrent-ils dans la même cour, où l'artiste côtoie la grâce et les démons des hommes. Le jour et l'obscurité, l'ombre et la lumière. Droit dans le soleil. C'est le nom du nouveau titre de Cantat, 1er opus d'un album attendu en novembre. L'âme aux noirs désirs apparait dans ce clip, avec sa gueule de taulard et les yeux délavés. Et sa voix râpeuse, comme chargée des malheurs du monde, vient se joindre à la guitare et au violoncelle, dans une ballade dépouillée.
"On t'avait dit que tout se paye.Tout se dissout dans la lumière.Les ombres qui marchent à tes côtés.Dans le parfum des nuits, l'éclatement des corps qui s'emerveillent.
Mais on ne renonce pas, regarde bien droit dans le soleil !"
(Voir le clip)

La dernière apparition de Bertrant Cantat avec son groupe Noir Désir remonte à 2008. C'était avec ce titre publié sur internet : gagnant/perdant. Joint à la chanson, un petit texte, en guise d'explication :
"La chanson, Gagnants / Perdants a été enregistrée par Noir Désir, en réaction au contexte actuel, politique et humain dans toute l’acceptation du terme. Impossible d’attendre pour la mettre à disposition."



"Noir Désir est au travail", ajoutait le texte. Mais deux ans plus tard, le groupe se séparait, mettant fin à trente ans d'aventure. Restait la révolte. Cantat, le maudit, est de retour.