mardi 15 octobre 2013

Une île de la tentation pour Nouvelles de France



"Il n'est pas donné à l'homme de se faire un autre berceau" (Charles Péguy)
On pourrait croire à un gag, à un premier avril à l’automne signé Nouvelles de France (NDF). Mais cette revue du web est décidément plus habituée à susciter la grimace que le rire... La raison de cet éventuel et légitime fourvoiement ? Un article marquant le lancement d’un projet de recherche, puis d’achat d’une île pour en faire un « Etat souverain » et « assumer notre identité française, économiquement libérale mais socialement conservatrice » (sic).

NDF prônant l’émigration ? Ne riez pas. L’idée fait son chemin depuis plusieurs mois chez ses contributeurs. Un site internet a même vu le jour pour recueillir les premières inscriptions/souscriptions. « Où trouver la liberté perdue, de vivre dans une société qui valorise ce qui est valeur? », se demandent les administrateurs du site. Leur réponse : « ailleurs, indéniablement. Et pourquoi pas sur une île, un peu en retrait de ce monde ? S'organiser par-delà les mers en une microsociété, non pas refermée sur elle-même, mais qui, de par ses principes simples, nobles et solides, pourra rayonner ». « Peut-être est-il nécessaire que la graine meure pour renaître », ajoutent-ils, comme s’il leur appartenait d’en décider.

mardi 8 octobre 2013

Les doux accrocs du dialogue entre cathos



"Heureux ceux qui s'aiment assez pour savoir se taire ensemble" (Charles Péguy)

Des débats politiques ou sociétaux aux querelles liturgiques, les catholiques excellent parfois dans l’art de l’étripage fraternel. Ce qui est déjà triste dans la société devient plus terrible encore, plus infamant dans l’Eglise. Parce qu’il s’agit d’Eglise. Pourquoi semble-t-il plus facile de discuter avec un bouddhiste de Dharamsala qu’avec son voisin du bout-du-banc ? Peut-être accepte-t-on plus facilement les différences du premier comme point de départ d’échanges constructifs, alors que celles du second agacent, font peur. Comme s’il ne s’agissait pas, là aussi, de construire ! Et l’on attend du catho qu'il entre sans discussion dans les cases que le plan paroissial a soigneusement préparé pour lui... C’est une tendance fâcheuse, mais très humaine, que de vouloir rassembler tout le monde dans la même chapelle sous prétexte d'appartenir à la même Eglise. Mais s'il y a un seul Credo, en revanche, il y a bien « plusieurs demeures dans la maison de mon Père » !

mercredi 2 octobre 2013

Cantat, droit dans le soleil

Retour au devant de la scène pour Bertrand Cantat. Entre le souvenir des drames de l'ombre et le désir de rédemption. Pourquoi faut-il que le génie soit toujours lié à la folie ? Peut-être oeuvrent-ils dans la même cour, où l'artiste côtoie la grâce et les démons des hommes. Le jour et l'obscurité, l'ombre et la lumière. Droit dans le soleil. C'est le nom du nouveau titre de Cantat, 1er opus d'un album attendu en novembre. L'âme aux noirs désirs apparait dans ce clip, avec sa gueule de taulard et les yeux délavés. Et sa voix râpeuse, comme chargée des malheurs du monde, vient se joindre à la guitare et au violoncelle, dans une ballade dépouillée.
"On t'avait dit que tout se paye.Tout se dissout dans la lumière.Les ombres qui marchent à tes côtés.Dans le parfum des nuits, l'éclatement des corps qui s'emerveillent.
Mais on ne renonce pas, regarde bien droit dans le soleil !"
(Voir le clip)

La dernière apparition de Bertrant Cantat avec son groupe Noir Désir remonte à 2008. C'était avec ce titre publié sur internet : gagnant/perdant. Joint à la chanson, un petit texte, en guise d'explication :
"La chanson, Gagnants / Perdants a été enregistrée par Noir Désir, en réaction au contexte actuel, politique et humain dans toute l’acceptation du terme. Impossible d’attendre pour la mettre à disposition."



"Noir Désir est au travail", ajoutait le texte. Mais deux ans plus tard, le groupe se séparait, mettant fin à trente ans d'aventure. Restait la révolte. Cantat, le maudit, est de retour.



samedi 28 septembre 2013

Mon Dieu, by Anaïs


La célèbre chanson d'Edith Piaf, Mon Dieu, composée en 1960 par Charles Dumont et le parolier Michel Vaucaire, est reprise ici par la chanteuse Anaïs, à l'occasion d'une session acoustique Bruxelles ma belle. Au son des tintements de verres et des discussions de comptoir...





jeudi 29 août 2013

Ce que sont les Veilleurs


Quand vous subissez chaque jour invectives et moqueries, quand les valeurs que vous défendez sont caricaturées, présentées comme homophobes ou fascistes, quand l'on dit de vous que vous illustrez la montée de l'extrême droite en France, que l'on vous refuse un combat équitable, c'est-à-dire en intelligence et honnête foi, pour d'absurdes et d'intolérables raisons, un choix s'offre à vous : 

- le repli sur soi, en mode village gaulois, à coup de "tous pourris" et "tous vendus"... Une posture compréhensible, excusable peut-être, mais stérile. Et qui fait vite de l'orgueil l'unique moteur de votre action. 

- Ou bien vous optez pour une voie plus difficile : aller à la rencontre des gens, offrir une parole à l'intelligence et aux coeurs, pour expliquer votre démarche et l'universalité de vos valeurs, que votre combat est tout sauf réductible aux critiques lancées jusqu'alors. 

C'est ce qu'on fait les Veilleurs en prenant la route cet été. Leur grande marche s'achèvera samedi 31 août prochain à Paris, par une dernière veillée place de la Concorde. La préfecture de police vient de s'opposer à ce qu'elle considère comme une manifestation devant être interdite pour des raisons tenants à la protection des institutions et à l'ordre public (sic). Les Veilleurs ont dors et déjà annoncé qu'ils organiseraient tout de même ce qu'ils considèrent être une simple expression de leur liberté. Il est bon de rappeler ici ce qui a poussé à la création du mouvement des veilleurs, ce q'il a été durant les événements de 2013 et ce qui les anime aujourd'hui. L'âme de leur combat. Voici retranscrit ci-dessous, pour ce nécessaire rappel, le discours qu'ils ont adressé au Conseil de l'Europe le 26 juin dernier, sur "la Manif pour Tous et la répression policière".

lundi 26 août 2013

L'honneur rendu à Hélie de Saint Marc

Hélie de Saint Marc est mort. Et "la France, dans sa profonde tradition imprégnée de culture chrétienne, a su pardonner et même plus que cela, elle a reconnu (son) sens de l'honneur". Cinquante après les événement d'Alger et sa condamnation pour "intelligence avec les dirigeants d'un mouvement insurrectionnel" (lire ici), Hélie de Saint Marc a été élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur. C'était le 28 novembre 2011, dans la cour des Invalides. L'Histoire venait de rendre son verdict. 

Voici le discours que le général Bruno Dary, alors gouverneur de Paris, lui a adressé. Paroles de soldat à soldat. 

"On peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir. On ne peut pas lui demander de se parjurer" (Hélie de Saint Marc)

Le 5 juin 1961, le haut-tribunal militaire condamne Hélie de Saint-Marc à dix ans de détention criminelle pour "intelligence avec les dirigeants d'un mouvement insurrectionnel". Lui, qui a connu Buchenwald et l'enfer de l'Indochine, se retrouvera en détention en France pour avoir suivi le général Challe dans sa rébellion. Pour n'avoir pas voulu reproduire en Algérie "l'abandon" des partisans vietnamiens dont il fut témoin, dix ans plus tôt. Voici la déclaration qu'il lança au haut-tribunal militaire. Et entre ces lignes, cette phrase : "on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir (...). On ne peut pas lui demander de se parjurer".  

Paroles du dernier de nos héros, qui s'est éteint aujourd'hui.